Prévenir les Maladies Respiratoires Infectieuses au Travail
Raymond: Bonjour et bienvenue au balado De la SST pour emporter! du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail. Aujourd’hui, nous parlons du contrôle des maladies respiratoires infectieuses au travail. Ces maladies comprennent la grippe, la COVID-19 et le VRS. Nous vous expliquerons tout cela aujourd’hui. Ces maladies peuvent se propager facilement, mais il y a certaines choses que nous pouvons faire pour nous protéger et protéger les autres. Je suis accompagnée de Riane Marrs, spécialiste de la santé et de la sécurité au travail du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail. Bienvenue, Riane.
Riane: Merci, Raymond. Je suis heureuse d’être avec vous aujourd’hui.
Raymond: Commençons par le début. Que sont exactement les maladies respiratoires infectieuses?
Riane: Les maladies respiratoires infectieuses sont des maladies causées par des germes qui se propagent dans l’air, habituellement sous forme de gouttelettes ou de particules respiratoires, lorsqu’une personne tousse, éternue, parle ou même respire. Ces germes peuvent également se propager lorsqu’on touche des surfaces ou objets contaminés, puis qu’on se touche les yeux, le nez ou la bouche. Certaines des plus courantes sont la grippe, la maladie à coronavirus ou le SRAS-CoV-2, que l’on connaît sous l’appellation COVID-19, et le virus respiratoire syncytial (ou VRS). Elles peuvent être de légères à très graves, surtout chez les personnes immunodéprimées ou présentant un risque élevé. C’est pourquoi il est si important de la prévenir en milieu de travail.
Raymond: Et les milieux de travail varient énormément, allant des bureaux et des ateliers aux chantiers de construction et aux usines. À quoi les employeurs devraient-ils penser en premier?
Riane: L’une des étapes les plus importantes consiste à encourager les travailleurs à rester à la maison lorsqu’ils sont malades. Ce qui veut dire qu’il faut mettre en place des politiques claires à ce sujet, encourager les travailleurs à ne pas se présenter s’ils ont des symptômes – même légers – et veiller à ce qu’ils ne soient pas pénalisés s’ils prennent congé lorsqu’ils sont malades. De telles pratiques réduisent les risques que la maladie se propage à d’autres personnes. Les employeurs peuvent également encourager leurs équipes à se faire vacciner, que ce soit en fournissant de l’information à cet effet, en leur accordant du temps pour se faire vacciner ou même en organisant des séances de vaccination au travail.
Raymond: J’imagine que tout cela nécessite de la planification et de la communication.
Riane: Tout à fait. Les politiques et procédures écrites sont essentielles. Les employeurs doivent notamment expliquer quoi faire si une personne tombe malade au travail, comment signaler les symptômes et quelle est la politique sur les congés de maladie. Installer des affiches claires et faciles à comprendre comportant des éléments visuels peut vraiment aider tout le monde à respecter les règles.
Raymond: Parlons du milieu de travail lui-même. Il est souvent question de ventilation lorsqu’on parle de maladies respiratoires infectieuses. Comment les employeurs peuvent-ils l’améliorer?
Riane: Oui, je suis heureuse que vous en parliez! Une bonne ventilation aide à réduire l’accumulation de particules respiratoires dans l’air intérieur. Les employeurs peuvent choisir le filtre le plus efficace parmi ceux qui sont compatibles avec leur système de chauffage, de ventilation et de climatisation, ou utiliser des filtres à haute efficacité pour les particules de l’air, si leur système est compatible avec ceux-ci. Ils peuvent également ajuster leur système pour qu’il amène plus d’air extérieur à l’intérieur, et veiller à ce que les ventilateurs des salles de bain et de la cuisine évacuent l’air à l’extérieur en continu. Il est aussi possible d’ouvrir les fenêtres et les portes lorsque c’est sécuritaire et lorsque la température le permet afin que les lieux soient ventilés naturellement. Puis, n’oublions pas de parler des véhicules. Régler la ventilation pour qu’elle fasse entrer de l’air extérieur ou ouvrir légèrement une fenêtre aide également à améliorer la circulation de l’air.
Raymond: C’est logique. Qu’en est-il du nettoyage et de la désinfection?
Riane: Le fait de toucher des surfaces communes peut propager des germes; il est donc important de les nettoyer et de les désinfecter. Le nettoyage élimine les débris, tandis que la désinfection détruit les germes. Ces deux étapes sont nécessaires pour empêcher le plus possible la propagation des germes. Les employeurs doivent donc fournir aux travailleurs le matériel nécessaire pour nettoyer et désinfecter leurs espaces de travail personnels et établir une procédure pour les surfaces fréquemment touchées, comme les poignées de porte, les boutons d’ascenseur et l’équipement partagé.
Raymond: Quel rôle les travailleurs jouent-ils dans la prévention de la propagation?
Riane: Les travailleurs devraient d’abord connaître les symptômes des maladies respiratoires courantes et surveiller s’ils présentent eux-mêmes ces symptômes. S’ils se sentent mal, ils devraient rester à la maison, aviser leur superviseur et consulter un médecin si les symptômes s’aggravent. Si une personne tombe malade au travail, elle devrait immédiatement mettre un masque, en informer son superviseur et rentrer à la maison pour éviter de propager des germes.
Raymond: Les masques jouent encore un rôle important, n’est-ce pas?
Riane: Tout à fait. Il est possible de porter un masque dans des zones très fréquentées ou mal ventilées, lors d’une hausse saisonnière du nombre d’infections ou lorsqu’on est plus à risque. Les employeurs peuvent aussi fournir des masques aux travailleurs, et même aux visiteurs ou aux clients qui en ont besoin. Dans certains cas, comme lorsqu’on doit aider quelqu’un qui est malade, il pourrait être nécessaire de porter un masque de protection respiratoire comme un N95, que l’on aura ajusté lors d’essais préalables. De plus, un programme de protection respiratoire pourrait être nécessaire. .
Raymond: Qu’en est-il du lavage fréquent des mains? On en entend souvent parler, mais, compte tenu de tout ce qui survient au cours d’une journée de travail, c’est facile d’oublier de le faire.
Riane: Oui, une bonne hygiène des mains et une bonne hygiène respiratoire sont des moyens simples, mais très efficaces. Il est essentiel de se laver les mains avec de l’eau et du savon pendant au moins 20 secondes ou d’utiliser un désinfectant contenant au moins 60 % d’alcool, surtout après avoir touché des surfaces communes, avant de manger et après avoir toussé ou éternué. Il est aussi important de prendre l’habitude de tousser dans son coude ou un mouchoir et d’éviter de se toucher le visage si on ne s’est pas lavé les mains. Les employeurs peuvent faciliter ces habitudes en installant des distributeurs de désinfectant dans les endroits très fréquentés, en fournissant un contenant de désinfectant à chaque travailleur qui n’a pas accès rapidement à un poste de lavage des mains et en veillant à ce que les distributeurs soient régulièrement remplis.
Raymond: C’est donc en combinant toutes ces mesures qu’on se protège le mieux?
Riane: C’est tout à fait vrai. Aucune mesure de contrôle à elle seule n’est efficace à 100 %. Pour une protection optimale, il faut superposer les mesures : rester à la maison lorsqu’on est malade, se faire vacciner, bien ventiler les lieux, nettoyer et désinfecter, se laver les mains, porter un masque et communiquer clairement les consignes. Chaque couche réduit un peu plus le risque.
Raymond: Et peut-être les politiques et procédures sur la réduction de la propagation.
Riane: Exactement.
Raymond: Vous avez parlé de communication. En quoi consiste-t-elle dans la pratique?
Riane: Pour diminuer les risques de propagation de maladies respiratoires infectieuses, les employeurs doivent bien informer et former leurs équipes afin que chaque personne comprenne ses responsabilités et le bien-fondé des mesures en place. Il faut aussi inclure les travailleurs dans le processus, que ce soit par le comité de santé et de sécurité ou en les invitant à faire part de leurs préoccupations, puisque bien souvent, ce sont eux qui voient les dangers en premier. Communiquer clairement les consignes aide à prévenir la désinformation et à faire en sorte que les travailleurs respectent davantage les mesures de prévention.
Raymond: Et pour les milieux de travail qui interagissent régulièrement avec le public, y a-t-il d’autres étapes à inclur?
Riane: Oui. Les employeurs peuvent informer les visiteurs et les clients des politiques en place dans le milieu de travail, demander aux visiteurs malades de reporter leur visite et proposer des options à distance ou en ligne, comme des appels vidéo, des paiements sans contact ou des kiosques libre-service. Ces approches aident à réduire le contact direct et diminuent les risques de propagation.
Raymond: Avant de conclure, y a-t-il autre chose que nos auditeurs devraient savoir?
Riane: Oui. Il est bon de se rappeler que, même si la plupart des maladies respiratoires ne sont pas graves, il existe des façons simples d’en réduire la propagation. Rester à la maison, bien s’hydrater et prendre le temps de se reposer et de récupérer peut faire une différence. Lorsque des symptômes nous inquiètent, consulter un professionnel de la santé demeure la meilleure démarche. Une dernière chose pour les travailleurs. Il est important qu’ils gardent à l’esprit leurs droits fondamentaux, c’est-à-dire celui de connaître les dangers présents en milieu de travail, de participer aux activités liées à la santé et à la sécurité et de refuser d’effectuer toute tâche dangereuse. Ils ont aussi la responsabilités de se protéger et de protéger les autres contre les maladies respiratoires infectieuses, de surveiller leurs symptômes, de suivre les formations, de suivre les procédures de sécurité, de pratiquer une bonne hygiène des mains et une bonne hygiène respiratoire, et de signaler toute préoccupation. Le respect de ces droits et de ces responsabilités contribue à créer un milieu de travail sain et sécuritaire pour tout le monde.
Raymond: C’est en effet un rappel important. Riane, merci d’être passée à travers toutes ces étapes pratiques avec nous, alors que la saison du rhume et de la grippe est à nos portes.
Riane: Merci de m’avoir invitée!
Raymond: C’est tout pour cet épisode. Pour obtenir de plus amples renseignements et d’autres ressources sur les maladies respiratoires infectieuses au travail, visitez notre site Web cchst.ca. Merci d’avoir été des nôtres et soyez prudents!