Titre : Santé et sécurité pour emporter!

 

Nom de fichier de l’épisode #137 : Facultés affaiblies au travail : ce que vous devez savoir

 

 

Introduction : Bienvenue à « De la SST pour emporter », une présentation du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.

Hôte : Bonjour à tous et merci d’être ici parmi nous.
Aujourd’hui, nous discutons des facultés affaiblies au travail avec Jan Chappel, spécialiste technique principale du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail (CCHST). 

Je vous remercie d’être présente aujourd’hui, Jan!

 

Jan : Je vous en prie.

 

Hôte : Qu’entend-on par facultés affaiblies et à quoi ressemble-t-elle  concrètement en milieu de travail?

 

Jan : « Facultés affaiblies » n’est pas une expression définie de manière officielle dans la majorité des lois, ce qui signifie qu’une définition ordinaire tirée d’un dictionnaire s’applique dans la majorité des cas. Par exemple, le site Merriam‑Webster.com définit les facultés affaiblies comme un état anormal ou affaibli : comme… incapable de fonctionner normalement ou en toute sécurité en raison de l’intoxication par l’alcool ou les drogues.

 

Essentiellement, les facultés affaiblies sont tout ce qui réduit la compétence ou la productivité physique ou mentale d’une personne. Lorsque cet état nuit à la sécurité ou à la santé au travail, il devient un problème qui doit être pris en charge comme un danger potentiel en milieu de travail.

 

Les facultés affaiblies au travail peuvent avoir de nombreuses causes. La plupart des gens croient que les facultés affaiblies découlent de l’usage de substances, comme la drogue ou l’alcool. Il s’agit de situations très courantes, mais les facultés affaiblies peuvent également découler de traitements ou de médicaments prescrits, comme des antibiotiques qui peuvent causer des nausées. Un autre exemple, les antihistaminiques pour les allergies, qui provoquent généralement de la somnolence. 

 

Un autre exemple fréquent est la fatigue. Les longues heures de travail, les quarts de travail, la gestion de deux emplois et les tâches familiales peuvent peser sur une personne.

 

Toutefois, il y a beaucoup d’autres exemples. Par exemple, vous pourriez être distrait parce qu’il y a une crise au sein de votre famille. Vous pourriez être en état de choc ou éprouver un sentiment d’insécurité parce qu’il y a eu un accident, un incident ou un vol au travail. Vous vous concentrez peut-être sur un conflit ou une situation de harcèlement ou d’intimidation que vous vivez avec votre employeur ou un collègue de travail. 

 

Vous avez également demandé à quoi ressemblent les facultés affaiblies. Comme elles ont de nombreuses causes, les facultés affaiblies ne se ressemblent pas toujours, mais les symptômes courants sont les suivants :

 

·         troubles de la concentration;

·         incapacité de penser clairement et de prendre des décisions;

·         somnolence ou étourdissements;

·         désorientation ou confusion;

·         ralentissement des temps de réaction;

·         augmentation de l’anxiété ou crises de panique.

 

 

Hôte : Étant donné qu’il sera légalisé l’an prochain, prenons le cannabis comme exemple principal. Est-il possible de mesurer l’affaiblissement des facultés causé par l’usage du cannabis?

 

Jan : C’est une très bonne question. Techniquement, oui, vous pouvez effectuer des tests sanguins, des tests urinaires ou des tests de salive pour déterminer si l’ingrédient principal du cannabis — le delta-9-tétrahydrocannabinol, ou THC, est présent dans le système d’une personne. 

 

Cependant, et c’est une énorme condition, les résultats des méthodes actuelles de dépistage ne peuvent actuellement déterminer que si le THC est présent dans une personne, c’est-à-dire une personne qui a déjà consommé du cannabis à un moment donné. Contrairement aux vérifications de l’alcoolémie, obtenir un résultat positif qui indique la présence de cannabis n’est pas nécessairement une indication claire du risque d’affaiblissement des facultés. Le THC ne se décompose pas de la même façon que l’alcool. Il a tendance à rester dans le corps, et sa durée dépend de la fréquence à laquelle vous l’utilisez.

 

Hôte : Comment devrait-on traiter une telle situation dans le milieu de travail?

 

Jan : Le milieu de travail doit avoir une politique sur les facultés affaiblies et des procédures connexes en place. Nous suggérons l’usage d’une terminologie générale afin que les facultés affaiblies de quelque cause que ce soit soient prises en compte dans cette politique. L’objectif est de mettre en place des mécanismes permettant d’évaluer équitablement la capacité de chaque personne à faire son travail en toute sécurité chaque jour ou, parfois, avant chaque tâche. N’oubliez pas d’inclure des initiatives de prévention, comme les programmes d’aide aux employés ou les renvois aux services locaux, au besoin.

 

En ce qui a trait aux substances qui causent l’affaiblissement des facultés, la politique doit indiquer clairement la position de l’organisation quant à savoir si les employés sont autorisés à utiliser, posséder ou être sous l’influence de substances au travail. 

 

Hôte : Si un superviseur soupçonne que les facultés d’un travailleur sont affaiblies, que peut-il ou devrait-il faire?

 

Jan : Le superviseur peut être tenu de déterminer si une personne est apte à travailler toute la journée ou à effectuer la tâche assignée. La mise en place de politiques et de procédures permet au superviseur d’appliquer les règles de façon équitable. Les superviseurs devraient pouvoir reconnaître les facultés affaiblies grâce à l’éducation ou à la formation qu’ils ont reçue. Dans la plupart des cas, lorsqu’il s’agit de déterminer si les facultés d’une personne sont affaiblies, il est recommandé de s’assurer qu’une autre personne qualifiée est présente afin de garantir une évaluation objective.

 

Les étapes de base d’un superviseur sont de connaître la politique et les procédures, de savoir reconnaître les facultés affaiblies (nous avons discuté des symptômes courants un peu plus tôt), puis de savoir les prochaines mesures à prendre. 

 

Le superviseur doit parler à l’employé en privé, et sans le juger. Au moment d’évaluer la situation, la conversation doit commencer par la mention de la préoccupation. Pour ce faire, vous pouvez poser des questions comme « vous semblez moins en forme que d’habitude… » ou « vous semblez contrarié et distrait… » ou « est-ce que vous vous sentez bien? ». Expliquez que la préoccupation concerne la sécurité de la personne et des autres. Discutez avec la personne pour déterminer la façon la plus sûre d’aller de l’avant.



Hôte : Étant donné que la vente et l’utilisation du cannabis récréatif devraient devenir légales au Canada d’ici le 1er juillet 2018, que doivent faire les employeurs pour se préparer dès maintenant?

 

Jan : Bien que l’on présume qu’un plus grand nombre de personnes pourront essayer le cannabis lorsqu’il deviendra un produit légal destiné aux utilisateurs adultes à compter de juillet, il est important de savoir que le Canada a déjà l’un des taux de consommation de marijuana les plus élevés au monde. Selon un rapport du Centre de toxicomanie et de santé mentale de 2014, plus de 40 % des Canadiens ont consommé du cannabis au cours de leur vie, et environ 10 % des Canadiens en ont consommé au cours de la dernière année. 

 

Les employeurs ne devraient pas attendre que le cannabis soit légalisé pour remédier à cette cause, ou à toute cause, de facultés affaiblies qui pourrait nuire à la capacité d’une personne à travailler en toute sécurité et à la capacité de l’employeur d’offrir un milieu de travail sécuritaire et sain.

 

Hôte : Où nos auditeurs peuvent-ils obtenir plus de renseignements sur les facultés affaiblies au travail?

 

Jan : Le CCHST a publié un livre blanc intitulé Stratégies en milieu de travail : Risque de facultés affaiblies attribuable au cannabis. Il est gratuit et peut être téléchargé sur le site Web du CCHST. 

 

Hôte : Merci de nous avoir parlé aujourd’hui, Jan. Pour de plus amples renseignements sur les facultés affaiblies, veuillez consulter le site Web du CCHST à l’adresse www.cchst.ca. Merci à tous de votre attention.