Titre : Santé et sécurité pour emporter!

 

Nom de fichier de l’épisode #140 : Syndrome des vibrations mains-bras

 

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Introduction : Bienvenue à « De la SST pour emporter », une présentation du Centre canadien d’hygiène et de sécurité au travail.

Hôte : Bonjour à tous et merci d’être ici parmi nous.
Aujourd’hui, nous discutons avec Michelle Tew, infirmière en santé au travail du Centre de santé des travailleurs de l’Ontario, également appelé CSTO. Aujourd’hui, Michelle nous parle du syndrome des vibrations mains-bras, en quoi il consiste et quels sont les moyens de l’éviter. Je vous remercie d’être présente aujourd’hui, Michelle.

 

Michelle : Merci de votre accueil, Chris.

 

Hôte : En quoi consiste le syndrome des vibrations mains-bras et est-il très courant?

 

Michelle : Ça peut sembler un peu compliqué, n’est-ce pas? Le syndrome des vibrations mains-bras est un trouble médical irréversible lié au travail qui affecte les doigts, les mains et les bras du travailleur, et qui cause des dommages aux vaisseaux sanguins, aux nerfs, aux os, aux articulations et aux muscles dans cette partie du corps.

 

Il est assez courant dans certains groupes professionnels qui ont une forte exposition aux outils vibrants, mais on ne connaît pas le nombre exact de travailleurs touchés, car il s’agit généralement d’un trouble sous-déclaré et sous-diagnostiqué. En Ontario, par exemple, la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) signale en moyenne près de 200 nouveaux cas chaque année. Toutefois, ce ne sont que les nouveaux cas. Ce chiffre ne tient pas compte des personnes qui vivent déjà avec le syndrome des vibrations main-bras. On estime que de 20 % à 50 % des travailleurs et certains groupes professionnels à haut risque développent le syndrome des vibrations mains-bras, ce qui équivaut a beaucoup de travailleurs.

 

Hôte : Quelle en est la cause?

 

Michelle : Le syndrome des vibrations mains-bras est causé par une exposition régulière à des outils vibrants portatifs ou par le fait de tenir des pièces qui vibrent lorsqu’on y travaille. Par exemple, maintenir une pièce contre une meuleuse. Il y a des centaines et des centaines d’outils appartenant à la catégorie d’outils pouvant contribuer au développement du syndrome, mais certains des outils les plus courants sont les scies à chaîne, les marteaux perforateurs, les clés à chocs, les scies sauteuses, les marteaux à percussion et les perceuses. De plus, même si nous n’y pensons peut-être pas, il y a les tondeuses à gazon motorisées, les taille-haies et même les cireuses.

 

Hôte : Quels sont les symptômes? Comment savez-vous si vous souffrez du syndrome des vibrations mains-bras?

 

Michelle : Les symptômes peuvent se développer au cours d’un certain nombre d’années, de sorte qu’ils peuvent apparaître très subtilement, mais avec une exposition élevée, les symptômes peuvent apparaître en seulement deux mois. Les symptômes initiaux sont habituellement les fourmillements, les engourdissements ou les picotements dans les doigts, ce qui entraîne souvent une perte de sensation et de dextérité. Par conséquent, les ouvriers indiquent ne pas être en mesure de ramasser de petits objets ou de s’agripper à leurs outils, ou même échapper leur tasse de café. De plus, certains se réveillent pendant la nuit à cause de douleurs dans les mains et les doigts. Mais le trait le plus distinctif du syndrome des vibrations mains-bras est probablement les épisodes douloureux où les doigts blanchissent lorsqu’ils sont exposés au froid ou aux vibrations, et qui commencent généralement avec quelques doigts, généralement à l’extrémité.

 

Il s’agit de l’effet sur le système vasculaire du syndrome des vibrations mains-bras, qui provoque ce qu’on appelle le doigt mort dû aux vibrations. Ce qu’il faut se rappeler, c’est que ces symptômes peuvent apparaître au travail, mais ils peuvent aussi apparaître en dehors du travail si vous participez à des activités semblables. Donc, si vous avez des symptômes ou que des travailleurs ont des symptômes, il faut consulter un médecin pour des tests spécialisés. Parfois, le syndrome des vibrations mains-bras est confondu avec le syndrome du canal carpien, qui peut également être causé par des vibrations, mais il ne s’agit que d’une partie de l’ensemble.

 

Hôte : Qui est touché par le syndrome des vibrations mains-bras?

 

Michelle : Il peut toucher les travailleurs de tous les âges dont le travail exige l’utilisation régulière et fréquente d’outils et d’équipements vibrants. Cet équipement se trouve dans une grande variété d’industries, et certaines des plus courantes sont la construction, l’exploitation minière, l’entretien paysagiste, l’exploitation forestière, les fonderies, la fabrication de véhicules automobiles ainsi que la réparation. Installer des pneus d’hiver, les enlever, les produits en béton, les services publics.

 

Hôte : Que se passe-t-il si l’on ignore les symptômes?

 

Michelle : Malheureusement, le syndrome des vibrations mains-bras est irréversible et il n’y a pas de traitement efficace ou de remède. Donc, si vous l’avez, vous l’avez pour la vie. Il est donc important de le reconnaître tôt. Si un travailleur continue d’utiliser des outils vibrants, les symptômes vont probablement s’aggraver, l’engourdissement dans les mains peut devenir permanent et vous pourriez perdre toute sensation. Un travailleur a décrit ses mains comme mortes : engourdies tout le temps. Il avait de la difficulté à ramasser les petites choses et des choses lui échappaient souvent.

 

La blancheur et la douleur dans certains doigts peut se propager dans les autres doigts et, dans les cas très graves, la gangrène peut se développer. Par conséquent, le simple fait de vivre par temps froid devient un cauchemar et, au Canada, comme nous le savons tous, cela pourrait devenir un problème.

 

Les travailleurs risquent de ne plus être en mesure de faire leur travail, ou ils ont également parlé d’avoir à abandonner les passe-temps qu’ils apprécient, comme le golf, la pêche, etc. Je me souviens d’un ouvrier en début de cinquantaine qui avait joué dans un groupe de musique toute sa vie et qui ne pouvait plus jouer de guitare : il était bouleversé et est devenu assez déprimé. C’était une situation difficile pour ses amis et aussi sa famille.

 

Hôte : D’accord. Parlons de prévention, comment peut-on le prévenir?

 

Michelle : Oui, c’est une bonne chose de parler de ce problème, parce qu’il n’y a pas de traitement efficace ou de remède. La seule façon de prévenir les handicaps est de réduire l’exposition aux vibrations. Les efforts connexes se concentrent sur quatre grands domaines. Le premier est de réduire les vibrations à la source ou les vibrations de l’outil, et les entreprises peuvent adopter ou élaborer des politiques d’achat d’outils antivibration. Donc tous les outils, la majorité des outils sont évalués en fonction du degré de transfert, c’est-à-dire en fonction des statistiques concernant la quantité de vibrations émise par chaque outil. Vous pouvez chercher des outils étiquetés comme antivibration ou AV. La deuxième chose à faire est de s’assurer que les outils sont bien entretenus. Par exemple, garder les outils de coupe tranchants afin de faire un travail plus efficace et limiter l’exposition des travailleurs aux vibrations.

 

La deuxième chose à faire consiste à réduire l’exposition aux vibrations au niveau des travailleurs eux-mêmes. Les travailleurs doivent être munis de gants antivibration conformes aux normes ISO (International Organization for Standardization) ou ANSI (American National Standards Institute).

 

La troisième chose à faire concerne les pratiques de travail. Il s’agit de s’assurer que les travailleurs sont protégés contre l’exposition continue aux vibrations grâce à une rotation des tâches ou à des pauses fréquentes. 

 

La troisième chose à faire est un programme d’éducation pour les travailleurs et la direction qui traite une variété d’enjeux. Le principal enjeu porte sur les pratiques de travail, comme s’assurer que les travailleurs essaient et utilisent les outils avec une prise aussi légère que possible, ou stocker les outils dans des endroits où les poignées ne refroidissent pas. Ainsi, lorsqu’ils commencent à travailler, ils ne font face à aucune exposition au froid. Les habitudes personnelles entrent également en jeu, comme garder les doigts, les mains et le corps au chaud et s’abstenir de fumer, car fumer entraîne la contraction des vaisseaux sanguins.

 

La dernière chose à faire est d’apprendre à reconnaître les symptômes tôt et à faire ce qu’il faut s’ils apparaissent. Il faut rapidement consulter un médecin pour obtenir un diagnostic, le signaler à votre superviseur et l’indiquer à vos collègues. Il est surtout important d’agir lorsqu’un syndrome des vibrations mains-bras est diagnostiqué chez un travailleur, car s’il y a un travailleur qui a développé le syndrome des vibrations mains-bras, il y en a probablement d’autres qui sont susceptibles de le développer.

 

Hôte : Je remercie Michelle qui nous a transmis cette information. Pour de plus amples renseignements sur le syndrome de vibration mains-bras et d’autres troubles musculo‑squelettiques, veuillez visiter le site cchst.ca. Merci à tous de votre attention.