« Creating Safe Workplaces for International Workers »

Ashley : Bonjour et bienvenue à De la SST pour emporter!, un balado du CCHST.

Nous accueillons aujourd’hui Francy Munoz, travailleuse juridique communautaire à la Clinique juridique bilingue de Windsor-Essex où elle dirige le programme C.A.R.E pour les travailleurs internationaux. Dans le cadre de son travail, Francy collabore régulièrement avec divers organismes gouvernementaux, de services sociaux, de santé et d’établissement pour élaborer et mettre en œuvre des programmes de soutien aux travailleurs internationaux. Elle travaille aussi avec diverses organisations pour offrir de l’éducation juridique, solliciter des ressources et établir des relations qui favoriseront le bien-être des travailleurs internationaux.

Francy est l’une des conférencières invitées au forum Le monde du travail en constante évolution qui se tient cette année à Halifax.

Francy, merci beaucoup de vous joindre à nous aujourd’hui.

Francy : Ça me fait plaisir. Merci de m’inviter à prendre la parole au forum Le monde du travail en constante évolution à Halifax, ainsi qu’à votre balado. C’est un honneur pour moi et je suis heureuse d’avoir l’occasion de parler des enjeux de santé et de sécurité cruciaux auxquels se heurtent les travailleurs migrants au Canada.

Ashley : C’est un plaisir de vous recevoir ici et au forum.

Francy, nous savons que l’économie canadienne dépend des travailleurs invités. Nous savons aussi que de nombreux facteurs rendent les travailleurs invités vulnérables, notamment les barrières linguistiques. Quels sont les autres problèmes que doivent surmonter ces travailleurs?

Francy : En plus des barrières linguistiques, les travailleurs migrants au Canada se heurtent à plusieurs problèmes qui les rendent vulnérables. Les conditions de vie médiocres qui règnent dans les logements offerts par leurs employeurs figurent parmi ces problèmes considérables. De nombreux travailleurs vivent dans des conditions lamentables, insoutenables, qui ne répondent pas à leurs besoins. Le surpeuplement, le manque d’installations sanitaires et l’accès insuffisant aux services essentiels posent des risques à leur santé et à leur sécurité.

L’absence de sécurité d’emploi et de mesures de protection est une autre préoccupation. Dans bien des cas, les travailleurs invités détiennent un permis de travail temporaire qui les lie à un employeur en particulier, ce qui peut les rendre hésitants à faire valoir leurs droits par crainte de perdre leur emploi ou même d’être expulsés. Ce lien de dépendance à un seul employeur peut engendrer des conditions de travail abusives, qui peuvent aller jusqu’à limiter l’accès des travailleurs aux avantages sociaux. De plus, les travailleurs invités sont souvent incapables d’accéder aux services essentiels en raison, par exemple, d’un manque de personnel multilingue ou d’interprètes pouvant les aider à avoir accès aux soins de santé, aux services gouvernementaux et à des programmes de formation, ce qui accentue leur vulnérabilité.

Parce qu’ils sont séparés de leur famille et de leur réseau de soutien habituel, les travailleurs invités vivent de l’isolement et de la solitude. Somme toute, prendre conscience de ces problèmes et contribuer à améliorer les conditions de vie des travailleurs invités sont des moyens déterminants pour que ces personnes, qui jouent un rôle essentiel dans l’économie canadienne, soient traitées de façon juste et équitable.

Ashley : Parlez-nous maintenant du programme C.A.R.E pour les travailleurs internationaux et des façons dont vous parvenez à améliorer la santé et la sécurité de vos clients et à les aider à relever les défis qui les attendent.

Francy : Avec plaisir. Le programme C.A.R.E pour les travailleurs internationaux est mené par la Clinique juridique bilingue de Windsor-Essex. Cet organisme communautaire accomplit un travail admirable en offrant de l’assistance et des ressources aux travailleurs migrants provenant de partout dans le monde. Dans le cadre de ce programme, des partenaires communautaires collaborent à l’atteinte d’un objectif, c’est-à-dire d’assurer le bien-être et l’autonomisation des travailleurs internationaux. En offrant une vaste gamme de services gratuits, dont du soutien juridique, des cours d’éducation juridique, des services en santé mentale et spirituelle, des services de soutien aux femmes, des cours d’anglais et des informations et des ressources en santé et en sécurité au travail, le programme C.A.R.E souhaite faire la promotion de la santé générale et du bien-être des travailleurs migrants, principalement dans le comté de Windsor-Essex.

Nous commençons toutefois à élargir notre offre à l’ensemble de l’Ontario, grâce à de l’encadrement communautaire personnalisé, de la programmation virtuelle et l’organisation de toutes sortes d’activités. Ce programme vise l’amélioration de la santé et de la sécurité des travailleurs migrants de même que leur autonomisation pour qu’ils comprennent et qu’ils exercent leurs droits. [Grâce au programme], les travailleurs ont le sentiment profond de faire partie d’une communauté et se sentent appuyés.

Ashley : C’est extraordinaire! Quels sont les premiers gestes que les employeurs peuvent poser pour créer un lieu de travail sûr et positif pour les travailleurs invités?

Francy : Les employeurs doivent passer par plusieurs étapes essentielles afin de créer un lieu de travail sécuritaire et positif pour les travailleurs migrants. Par exemple, selon les exigences du Programme des travailleurs étrangers temporaires, ils doivent fournir aux travailleurs migrants un logement adéquat et abordable. Ils devraient aussi procéder à un examen rigoureux du lieu de travail pour repérer les dangers potentiels ainsi que les risques particuliers posés par les tâches des travailleurs invités. Une fois cette étape franchie, la mise en place de mesures de sécurité adéquates et l’enseignement des protocoles de sécurité destinés aux travailleurs sont d’une importance capitale.

Les employeurs doivent aussi tenir compte des barrières linguistiques; ils devraient offrir de la formation linguistique et fournir de la documentation multilingue pour faire en sorte que les lignes directrices en matière de sécurité soient clairement communiquées et bien comprises.

Encourager une culture d’inclusion et de respect est aussi très important. Un tel climat permet aux travailleurs invités d’exprimer leurs inquiétudes et de signaler des problèmes liés à la sécurité sans crainte de représailles. En discutant régulièrement avec les travailleurs invités pour recueillir leurs commentaires et comprendre leurs besoins particuliers, les employeurs peuvent créer un environnement de travail favorisant le soutien et la sécurité.

Enfin, la création d’un lieu de travail où sont valorisés le bien-être et la sécurité des travailleurs invités passe essentiellement par la conformité des employeurs aux lois et aux règlements en matière de travail qui sont liés aux droits des travailleurs invités et à leur protection.

Ashley : Puisque l’on parle de favoriser une culture dans laquelle les travailleurs se sentent à l’aise de s’exprimer, que peuvent faire les travailleurs invités s’ils sont témoins de pratiques de travail non sécuritaires ou illégales?

Francy : Lorsque les travailleurs invités constatent des pratiques non sécuritaires ou illégales, ou s’ils en sont victimes, ils peuvent demander de l’aide de plusieurs façons. Ils peuvent, bien sûr, se tourner vers la Clinique juridique bilingue de Windsor-Essex, ou vers un autre organisme spécialisé qui offre des services d’aide juridique et de l’assistance aux travailleurs migrants. Ils pourront y obtenir des conseils juridiques, du soutien et une représentation s’ils désirent signaler un problème ou le régler.

De plus, les travailleurs invités peuvent communiquer avec les organismes gouvernementaux responsables des questions relatives au travail ou à la sécurité des lieux de travail, comme le ministère du Travail ou les bureaux des normes d’emploi, où ils peuvent déposer des plaintes et solliciter l’intervention de ces organismes. En outre, de nombreuses provinces canadiennes ont mis en place des lignes info-santé ou des lignes d’urgence où les travailleurs peuvent signaler des infractions en matière de travail de façon anonyme.
Par ailleurs, si les travailleurs invités sont affiliés à un syndicat, ils peuvent consulter leur représentant syndical pour obtenir de l’aide et des conseils afin de faire valoir leurs droits et d’attirer l’attention sur des pratiques illégales ou non sécuritaires.

Je crois qu’il est crucial que les travailleurs invités sachent qu’ils ont des droits et qu’ils ont accès à des protections au Canada. Il faut aussi qu’ils sachent que des ressources sont offertes pour qu’ils puissent travailler dans un milieu sûr, équitable et exempt d’abus.

Ashley : Tout à fait! Y a-t-il autre chose que vous aimeriez faire savoir à nos auditeurs?

Francy : Certainement. Je les invite tous à participer au forum du CCHST au cours duquel ils pourront en apprendre davantage sur les problèmes relatifs à la santé et à la sécurité rencontrés par les travailleurs migrants au Canada. Ils pourront aussi écouter des histoires inspirantes et prendre connaissance du rôle déterminant que la Clinique juridique bilingue de Windsor-Essex, de même que son programme C.A.R.E pour les travailleurs internationaux, a joué auprès de ces travailleurs, en les épaulant et en leur facilitant la vie. Ce forum est l’occasion parfaite pour sensibiliser les gens, favoriser le dialogue et faire bouger les choses afin d’améliorer la vie de ces personnes qui contribuent à nos collectivités et à notre pays de façon significative.

Ashley : Nous avons très hâte de vous y voir, Francy. C’était un plaisir de vous accueillir aujourd’hui. Les auditeurs trouveront plus d’informations sur les droits des travailleurs sur notre site Internet, au C-C-H-S-T point C-A.

Merci d’avoir été des nôtres.

Francy : Merci